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Pourquoi cette campagne ?

agriculteur naufragé

La crise que traverse l’agriculture biologique française depuis 2021 n’est pas une simple question de « marché » mais doit nous préoccuper au plus haut point en tant qu’écologistes. En effet, les impacts environnementaux et sanitaires de la bio sont la motivation primordiale de son développement. La Cour des comptes elle-même soulignait en juin 2022 que l’agriculture biologique devrait disposer d’un soutien accru en raison de ses bénéfices considérables pour la biodiversité, le climat, la gestion de l’eau, la santé humaine et l’emploi. Transformer l’agriculture pour la rapprocher le plus vite possible des pratiques bio n’est pas une option, c’est une nécessité vitale pour la planète et pour notre santé.

Le choix des gouvernements français depuis 2017 d’abandonner la bio aux caprices du marché, c’est-à-dire aux lobbies agroalimentaires, s’avère irresponsable et dramatique. Ce choix politique est irresponsable car il réduit la bio à une supposée « niche économique » soumise aux stratégies opportunistes des acteurs de la distribution, niant la nécessité écologique et sociale de son développement. Il est dramatique car il en a résulté une crise inédite et préoccupante.

Poussées par les seuls intérêts à court terme de leurs actionnaires, les grandes et moyennes surfaces (GMS) ont massivement réduit l’offre de produits bio dans leurs magasins de 5 à 10 % par an depuis 2021, faisant automatiquement baisser leurs ventes bio par défaut de disponibilité. Un emballement médiatique a alors répercuté la baisse de consommation dans les autres circuits de distribution, provoquant une fragilisation des filières biologiques puis une baisse de la rémunération des paysans.

Comme en parallèle l’État a réduit son soutien à la production bio et n’a proposé qu’une aide dérisoire à laquelle seuls 15 % des paysans bio ont pu émarger, la situation est devenue intenable. Non seulement le rythme des conversions vers la bio s’est considérablement ralenti, mais en outre certains agriculteurs bio ont même dû renoncer à leur certification pour retourner valoriser leurs produits dans des filières conventionnelles. La transition agroécologique est en danger !

Nous pouvons agir pour renverser ces choix. D’un côté, il est important d’interpeller fortement la ministre de l’Agriculture pour qu’elle soutienne de nouveau la production biologique, en particulier en se donnant enfin les moyens de respecter ses engagements en matière d’approvisionnement des cantines. D’un autre côté, c’est notre rôle de citoyens et de consommateurs de dénoncer les pratiques des GMS. Nous devons leur faire comprendre que leurs choix cyniques ne sont pas les nôtres, ils doivent nous rendre des comptes.

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